Jeudi 21 septembre • 20h
Marka

Vendredi 07 avril • 20h30
Musique Centre culturel de Huy
Antoine Hénaut nous vient des Hauts-Pays. Là-bas, il a un passé de jongleur, une petite maison nichée dans la campagne, et un joli coup de plume qui l’a vu écrire pour quelques artistes de chez nous et trois albums pour lui !
Tel un héros de Franquin, poussé mince, avec de gros pieds et un regard curieux planqué derrière des lunettes de vrai myope, il ouvre grand les yeux sur notre monde et sur son for intérieur, en s’étonnant de tout, en riant en coin de ce qui le dépasse, mais sans jamais se moquer. Sur scène, Antoine reste ce jeune chien fou au charme désarmant qui déclenche une sympathie immédiate chez tous ceux qui l’ont vu.
Ses influences ? Certains y décèlent du Vincent Delerm, du Thomas Fersen, voire même du Arno. Antoine Hénaut se révèle aussi amateur de jazz, de Jean-Sébastien Bach et d’Erik Satie.
Il vit loin de tout, loin des routes, loin du tumulte, loin des villes. Il n’a pas le permis. Il vit depuis toujours dans un hameau, Les Honnelles, au bord d’une frontière franco-belge perdue, à 20 km au sud-ouest de Mons. Avec des chats, des oiseaux, sauvages et domestiques, et un cheval. Et il n’en a jamais bougé, des Honnelles, « parce que c’est le village de mon enfance, que je suis très attaché à la région, aux paysages, aux odeurs et aux gens d’ici ».
Même s’il continue par un « Mais j’adore découvrir d’autres lieux, hein ! J’aime rencontrer d’autres gens. Un peu comme quand on va au cinéma, puis qu’on rentre chez soi. »
Et c’est vrai qu’il voyage quand même, Antoine : pour la réalisation de cet album, il est par exemple allé à Charleroi très souvent, chez son ami Jérôme Hiernaux, qui y possède un petit studio d’enregistrement dans le grenier de la maison de sa maman. Ils y sont restés, à deux, pour des sessions de 2 ou 3 jours, où ils ont fait toutes les prises de voix et de guitares, et de basse, et beaucoup de batterie, et aussi passés des nuits à causer de ces chansons, de musique, et de la vie qui passe, et file entre les doigts. C’est ça, les voyages d’Antoine Hénaut, aventurier du quotidien.
Avant ces enregistrements, autres voyages, ils avaient joué les chansons dans une bonne quinzaine d’endroits chaleureux de Wallonie (quelques bistrots, et aussi chez les gens, devant des audiences de 40 à 100 personnes), histoire de les tester, à l’ancienne. Pour cet exercice, ils étaient quatre, avec deux amis de Jérôme : Hugo Adam, batteur, et Philippe Quéwet, bassiste-trompettiste-claviériste-sousaphoniste et bien d’autres instruments encore.
Et c’est là qu’Antoine a retrouvé l’appétit, l’envie de rester chanteur. Cette envie qui l’avait quitté quand était sorti son album Poupée Vaudou et que son papa s’en était allé.
Son papa, son premier public, tellement précieux à ses yeux. « J’ai perdu alors mon meilleur auditoire, le regard dont j’avais besoin. Et aller chanter partout La vie s’écoule (le single qui passait alors à la radio) dans ces moments, c’était vraiment pas facile. »
« Écrire est parfois un bon moyen de faire son deuil, je pense par là essentiellement à mon père et mon grand frère. D’ou le côté peut-être assez sombre et plus personnel de certains titres qui pour la plupart traitent du temps passé ou à passer ».
« Après la mort de mon père, je ne voulais pas continuer. Mais petit à petit, en faisant ces concerts, l’envie est revenue. Cet album, c’est vraiment un album de copains, et c’est ça mon moteur. Il y a Jérôme, Philippe et Hugo. Il y a Arnaud que je connais depuis toujours qui s’est lancé dans un clip. Il y a Harry mon ami dessinateur qui m’a permis de faire mon marché dans ses nombreux carnets. Il y a évidemment Mara, épouse et manageuse, et photographe. Et c’est aussi une sorte d’histoire de famille, avec mon label qui me soutient depuis le début. »
Le copain, c’est aussi une chanson de l’album, transfigurée par les arrangements de Philippe Quewet, et jouée par une fanfare composée de ses amis. « Parce qu’on a tous connu cette fille qui nous considère comme son meilleur copain, mais pas son petit ami… »
Toutes ces petites aventures, toutes ces rencontres, ont amené les chansons une à une, et quand il s’est agi de les assembler, le titre de l’album s’est imposé : Par Défaut.
« Ce sont des portraits de gens. Et moi j’aime les gens, ceux qui n’ont pas de problèmes à être ce qu’ils sont. Par défaut, c’est un peu se contenter de ce qu’on a, aussi. Puis j’en fais une histoire, un petit scénario de film. »
Et quand on lui demande quels sont ses influences, les gens qu’il écoute beaucoup, arrivent quelques noms qui ne surprennent pas, comme Vincent Delerm (« J’adore. Ses chansons sont des films. Écoutez La Vipère du Gabon ! »), ou Arno (« La chanson Je veux nager, simple et pourtant… »). Plus étonnant, Antoine se révèle amateur de jazz, et écoute souvent Jean-Sébastien Bach et Erik Satie. « Et, mais je sais pas pourquoi, car je suis plutôt agnostique, la messe à la radio, le dimanche matin ».
Antoine Hénaut (chant, guitare), Jérôme Hiernaux (guitares, chant), Hugo Adam (batterie, percussions, chant), Philippe Quewet (sousaphone, trompette, basse, guitare, piano, orgues, percussions, chant).
© Mara De Sario