Cuisine et dépendances
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Jeudi 13 octobre • 20h30

Cuisine et dépendances

Théâtre Centre culturel de Huy

Jacques et Martine, couple apparemment sans histoire, accueillent des amis quils nont pas vus depuis quinze ans, pour un dîner en lhonneur du mari de Charlotte, devenu présentateur-vedette à la télévision. Parmi les invités figurent aussi Georges, le copain hébergé, et Fred, lenvahissant frère de Martine. Au cours de la soirée, la tension monte, la présence de celui qui a réussi déchaîne admiration, envie, jalousie et agressivité. Tout cela est vu de la cuisine où les convives viennent tour à tour se livrer, se plaindre et sexpliquer.

« Plus de 20 ans après sa création, Cuisine et dépendances na pas pris une ride, résonne avec la même justesse et suscite toujours autant de rire et dempathie. » Le Monde

À sa création, la pièce a été récompensée par 4 Molières dont le meilleur spectacle comique.

Distribution

d’Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri
Mise en scène : Patrice Mincke
Avec Catherine Decrolier, David Leclercq, Frédéric Nyssen, Bénédicte Chabot, Dominique Rongvaux
Scénographie et costumes : Lionel Lesire

Une coproduction Théâtre royal des Galeries — Martinrou

© Fabrice Gardin

Cuisine et dépendances… que sont mes amis devenus ?
Ce que j’aime particulièrement dans l’écriture de Jaoui/Bacri, c’est la légèreté avec laquelle ils abordent des sujets sérieux — ou bien est-ce le sérieux avec lequel ils explorent la légèreté  ?
Derrière des dialogues efficaces, drôles et caustiques se révèlent des personnages consistants et complexes avec leurs névroses, leurs aspirations déçues, leurs failles et leurs espoirs souvent dérisoires. Arrivés à la quarantaine, que sont-ils devenus ?
La force de ce texte réside, entre autres, dans une trouvaille audacieuse des auteurs : les deux personnages dont on parle sans cesse, qui révèlent le pathétique de chacun des cinq amis, n’apparaissent jamais sur le plateau ! Marilyn, jeune femme pulpeuse dont la robe semble inversement proportionnelle au Q.I., et le mari de Charlotte, homme de télévision clinquant, vont déchaîner les passions.

Martine, émoustillée et servile, ne peut s’empêcher de comparer son petit mari à la brillante vedette et file enfiler sa plus belle robe comme une navrante cendrillon ; Charlotte, habituée à abandonner son mari à sa gloire de pacotille et à sa séduction facile, tente d’entretenir l’illusion de l’amour avec son amant. Georges, désœuvré et fauché, squatte un canapé et s’est épris de haine et de mépris pour le monde entier. Jacques s’est réfugié dans le conformisme et admire béatement l’éloquence de son invité vedette et la plantureuse poitrine de la copine de Fred. Et Fred passe d’une conquête futile à l’autre et d’une arnaque à la suivante. Un bilan amer de ce que la vie fait de nous…
Les seuls qui forcent l’admiration sont ceux dont les réussites sont ostentatoires et superficielles : avoir de beaux seins ou passer à la télé. Il est à noter qu’il n’est jamais fait mention du nom ni de l’emploi précis de la star du petit écran. Présente-t-il la météo ou une émission culturelle ? On s’en fiche, ce qui compte c’est qu’il soit célèbre. Signe des temps remarquablement saisi par Jaoui/Bacri, à une époque où « célèbre » est devenu une profession.
Cuisine et Dépendances est un texte qui allie magnifiquement humour et profondeur, rire et cynisme. Un cocktail qui m’a toujours plu.
Il s’agira donc dans mon travail de révéler le pathétique de chaque situation tout en travaillant avec les comédiens sur la sincérité et la subtilité. Et, ainsi, d’amener les spectateurs à rire des personnages tout en s’identifiant à chacun d’entre eux.
Patrice Mincke, metteur en scène — janvier 2020.